Embarqué à l’aube à bord d’un caseyeur traditionnel, j’ai suivi deux marins pêcheurs au large de Saint-Malo, dans la baie de Cancale, pour documenter la pêche à l’araignée de mer. Pendant plusieurs heures, entre tangage et embruns, j’ai partagé leur quotidien rythmé par la remontée des casiers, le tri des prises, et les discussions sur l’avenir du métier.
La pêche à l’araignée est une activité saisonnière exigeante, pratiquée essentiellement au printemps, lorsque les femelles sont pleines. Elle fait partie intégrante du patrimoine maritime breton. Pourtant, comme beaucoup de métiers de la mer, cette pratique est aujourd’hui fragilisée : hausse du prix du gasoil, pression réglementaire, raréfaction des ressources et changement climatique pèsent lourdement sur les petites structures artisanales.
Dans ce reportage, je souhaitais montrer la réalité de ces pêcheurs indépendants, loin des images folkloriques ou sensationnalistes souvent véhiculées. Leur travail repose sur une connaissance fine des zones de pêche, une attention constante aux marées, et une transmission silencieuse du geste juste, acquise au fil des saisons.
À travers l’objectif, je raconte une relation intime entre l’homme et la mer, tissée dans l’effort, l’instinct et le respect de l’environnement. Ce témoignage visuel interroge aussi l’évolution du littoral breton, entre traditions vivantes et mutations économiques profondes.
La pêche à l’araignée est un métier exigeant physiquement et mentalement, avec des cadences élevées, le port de charges lourdes et le stress de la houle. Une formation de quelques mois suffit pour obtenir le certificat et pouvoir être engagé sur un bateau. Cependant, il faut avoir l’envie de faire ce métier pour pouvoir tenir. Le plus dur pour les capitaines est de trouver des marins qui restent.
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